La scène artistique nationale vient de perdre l’un de ses grands noms. L’artiste peintre Moa Bennani a tiré sa révérence suite à un malaise de santé. Natif de Tétouan en 1943, il avait élu domicile à Kénitra durant les années 90. Ce coup de cœur pour la cité des marguerites n’est pas le fruit du hasard. Pour lui cette ville se distingue par son caractère moderne, son dynamisme et son ouverture sur les différentes cultures d’ici et d’ailleurs.
Alors qu’il n’avait que 18 printemps, il fréquenta en 1958 l’Ecole des Beaux-Arts de Tétouan et quitta par la suite le Maroc pour développer ses talents artistiques aux Beaux-Arts de Paris (1960-1964). De retour de France, il enseigna à l’Ecole des Arts Appliqués de Rabat pendant de nombreuses années. Cherchant toujours à perfectionner son travail d’artiste, Moa Bennani obtient en 1989 une bourse du gouvernement français et s’installe pour trois ans à la Cité internationale des Arts à Paris. Là-bas, il collabore avec le Professeur Sylvestri au sein de l’atelier d’installation et de matérialisme de l’Ecole Normale Supérieure.
C’est durant ce passage à la capitale des lumières que Mohamed Bennani s’affilie à la Maison des Artistes, qui impose à l’époque un pseudonyme à ses adhérents. L’artiste adopte celui de Moa, sous lequel il est aujourd’hui largement reconnu.
Les œuvres artistiques de Moa ont sillonné les galeries d’art les plus prestigieuses, aussi bien au Maroc qu’à l’étranger. Ses toiles mais aussi ses immenses fresques embellissent un grand nombre d’édifices prestigieux, publics et privés. En 2005, il a représente le Maroc à la Biennale de Venise.
Moa Bennani revendiquait le qualificatif de matiériste. Peintre et sculpteur il n’hésite pas à recourir à des supports primitifs : toile de jute, bois qu’il tente de les anoblir et de leur insuffler une nouvelle vie. A cet égard, il se définit comme un artisan. Cet attachement pour la matière est sa marque de fabrique. En quête perpétuel de nouvelles émotions, Moa a été toujours à la recherche de nouvelles textures, peaux, matières pouvant être utilisables dans sa peinture.
Sa dernière exposition est celle qu’il a réalisée à la galerie de la Banque Populaire en 2019, juste avant la pandémie du Covid-19, en tandem avec son fils Kim Bennani « Parcours croisés ». En reconnaissance à son travail artistique, Moa Bennani a été décoré du Wissam Royal de l’Ordre d’Officier à l’occasion de l’inauguration de la Bibliothèque nationale du Royaume.
En plus de son talent artistique, Moa Bennani jouissait auprès de personnes qui l’ont côtoyées d’une bonne image , compte tenu de ses grandes qualités morales. Toutes celles et ceux qui l’ont connu disaient de lui qu’il était un homme au grand cœur et ne tarissaient pas d’éloges sur sa sensibilité humaine.
Driss Lyakoubi
