Débat autour de l’impact de l’énergie sur les équilibres politiques et économiques internationaux

Des responsables gouvernementaux et des experts marocains et étrangers ont débattu, mardi à Assilah, du thème « L’impact de l’énergie sur les équilibres politiques et économiques internationaux ».
Les intervenants à ce colloque, organisé dans le cadre de la session d’automne de la 43ème édition du Moussem culturel international d’Assilah, ont discuté des mutations politiques, économiques et sociales que connaissent les différents pays du monde, et des conditions de réalisation de la transition énergétique, ainsi que des moyens de faire face à l’augmentation des prix de l’énergie, à la lumière de la situation prévalant dans le monde après la pandémie du coronavirus.
Ils ont également traité de l’efficacité des plans stratégiques du Maroc pour faire face aux défis de la crise énergétique dans le monde, réaliser la transition énergétique et renforcer la souveraineté énergétique nationale.
S’exprimant à cette occasion, le secrétaire général de la Fondation du Forum d’Assilah, Mohamed Benaissa, a souligné que ce 4è colloque mis au programme de la 36ème édition de l’Université ouverte Al-Mu’tamid Ibn Abbad, prend en considération la situation prévalant dans le monde après la pandémie du coronavirus, puis pendant la guerre se déroulant actuellement en Ukraine, de même que le rôle de l’énergie dans l’élaboration des politiques internationales, et la détermination des points de repères propres aux équilibres économiques dans le monde, y compris lors du grand effondrement des prix du pétrole, comme ce fut le cas au cours des deux années marquées par la propagation de la pandémie, et les suites traduites par l’effondrement successif d’un certain nombre d’institutions financières et économiques à travers le monde.
M. Benaissa a affirmé que ce colloque vise à mener la réflexion sur les conséquences de ce qui constitue désormais un défi mondial pesant sur la paix politique et sociale, et représentant dès lors, dans le contexte mondial, le choc énergétique le plus grave après celui des années soixante-dix du siècle dernier.
« Il s’agit là d’un développement politique et économique qui, dans le contexte actuel, se trouve lié à une crise plus grave encore, en l’occurrence celle qu’incarnent le changement climatique, la raréfaction des ressources en eau dans différents pays du monde, de même que l’émergence de cette crise au premier plan de l’ordre du jour international », a-t-il dit, ajoutant: « c’est, ensuite, l’intérêt grandissant pour les sources d’énergie renouvelables et les investissements économiques importants dans ce secteur, en tant qu’horizon futur de la sécurité énergétique mondiale ».
Ce colloque, a poursuivi M. Benaissa, s’efforce de porter l’attention sur les perspectives découlant de cette crise, et les rapports d’une telle situation à la structure politique du conflit international actuel sur l’énergie, notant qu’il vise également à examiner les implications des défis énergétiques dans l’avenir de l’économie mondiale, tout en veillant à préciser le rôle que joue le changement climatique en matière de déploiements d’efforts soutenus pour la recherche de sources alternatives d’énergie propre, ainsi que l’impact que cela pourrait avoir sur l’économie et les politiques énergétiques dans le monde.
Pour sa part, la ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, a indiqué que le monde traverse une période sans précédent, après deux ans de pandémie, d’inflation croissante et de politiques monétaires restrictives, en plus de la forte hausse du dollar, pour entrer dans une autre période difficile marquée par « la crise énergétique ».
La ministre a souligné que certains considèrent que la situation en 2022 est similaire à la crise pétrolière des années 1970 au cours de laquelle le Japon et l’Allemagne, par exemple, ont perdu leur compétitivité face aux États-Unis d’Amérique, alors qu’aujourd’hui la question est liée au gaz russe et non pas au pétrole arabe.
Elle a estimé que la solution optimale, à la lumière de la crise énergétique et des problèmes financiers, économiques et sociaux qui y sont liés, est d’atteindre la « souveraineté énergétique », à travers une transition énergétique bien engagée, qui assure l’autosuffisance énergétique, même à moyen et long terme, s’adapte au changement climatique, qui est devenu une réalité inévitable dans le monde entier, et répond aux attentes de la société.
Mme Benali a affirmé que le Maroc œuvre activement, à la lumière de la réalité complexe du marché mondial de l’énergie, à réaliser la transition énergétique, à travers des politiques, des plans et des stratégies clairs, la mise en place d’infrastructures structurantes et l’utilisation optimale des potentialités existantes, ce qui permettra de faire face aux défis posés par les fluctuations du marché mondial de l’énergie et aux enjeux qui y sont associés.
Elle a précisé que la politique adoptée par le Maroc en matière de transition énergétique permettra la réalisation de la « souveraineté énergétique », devenue un indicateur important du progrès des pays et de garantie d’un développement durable et équilibré, notant que le Royaume a investi dans les énergies propres et élargi le champ de coopération avec les pays de référence dans ce domaine, ce qui lui a permis d’acquérir l’expérience et les potentialités nécessaires, pour atteindre son objectif et assurer la transition énergétique, qui permet de réaliser la souveraineté énergétique.
La ministre a assuré que le Maroc met toutes ses expériences et ses capacités à la disposition de l’Afrique, qui souffre grandement de l’évolution du système énergétique mondial et des effets du changement climatique, estimant que les pays africains sont capables de réaliser la transition énergétique, à condition de fédérer leurs efforts, de bénéficier des expériences réussies dans le domaine et d’assurer l’utilisation optimale de leurs ressources naturelles.
De son côté, la directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), Amina Benkhadra, a souligné que la question de l’énergie avec tous ses problèmes, et la relation entre la crise énergétique et la situation économique mondiale difficile retiennent l’attention de tous les pays du monde, estimant que face à cette situation, tous les pays du monde devraient adopter une politique énergétique appropriée, capable de trouver des solutions à tous les défis posés.
Mme Benkhadra a affirmé que l’énergie a un impact clair sur plusieurs secteurs vitaux, y compris les secteurs prioritaires, tels que l’agriculture et la sécurité alimentaire, et la stabilité sociale et politique, soulignant que la situation actuelle, à la lumière de la crise énergétique, comporte également des points positifs, puisque les différents pays du monde ont été incités à créer des solutions et mettre en place des politiques innovantes, pour faire face aux défis posés par cette crise et développer des énergies propres et alternatives.
Elle a fait savoir que le Maroc, sous le leadership éclairé de SM le Roi Mohammed VI, a non seulement fait des pas importants vers la « souveraineté énergétique », mais a également accéléré la mise en œuvre de ses plans face aux défis énergétiques et au changement climatique, en vue de renforcer le développement durable.
La DG de l’ONHYM a estimé que les pays africains doivent coopérer, être solidaires, tirer profit des potentialités naturelles et humaines et emboiter le pas au Maroc, qui s’est engagé dans la mise en œuvre de sa politique de transition énergétique depuis 2009, ajoutant que la gestion rationnelle des ressources énergétiques constitue la pierre angulaire de développement socio-économique.
Quant à l’expert britannique, Humayun Mughal, il a estimé que le monde devait s’adapter au plus vite à la crise énergétique et aux problématiques qui y sont liées, et que les pays sont appelés à coopérer entre eux, puisque les répercussions de cette crise toucheront tout le monde sans exception, relevant que les pays du monde ont les capacités d’atteindre l’équilibre énergétique, à condition de renforcer leur coopération.
Il s’est dit optimiste quant à la capacité du monde à surmonter la crise actuelle, qui risque de s’aggraver si les pays du monde ne fédèrent pas leurs efforts pour y faire face.
Pour Hakim Ben Hammouda, économiste et ex-ministre de l’Economie et des finances de Tunisie, la crise énergétique actuelle nécessite d’assurer une orientation énergétique mondiale, régionale et nationale qui mise sur l’avenir, et de mettre en place une politique énergétique ambitieuse, ainsi que de trouver des alternatives réalistes et courageuses pour lancer une politique énergétique alternative.
Il a souligné l’impératif de penser à des solutions urgentes pour réduire les effets négatifs de la crise énergétique actuelle, et de structurer le système énergétique mondial, estimant que cette crise peut donner naissance à une nouvelle réalité et contribuer à l’émergence de nouveaux pôles internationaux et la disparition de certains pôles existants.
Cette édition du Moussem, qui se tient du 16 octobre au 05 novembre, sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, à l’initiative de la Fondation du Forum d’Assilah, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication (département de la Culture) et la commune d’Assilah, est marquée par l’organisation de sept colloques dans le cadre de la 36ème édition de l’Université ouverte Al-Mu’tamid Ibn Abbad et d’activités artistiques et culturelles.
MAP